EDITORIAL
Le monde biologique, y compris le nôtre, s’est fondé sur le rapprochement, la coopération, la symbiose entre des unités de vie, les cellules. L’évolution sociale, l’épanouissement de la conscience humaine, la constitution des groupes humains, l’émergence des nations se sont fondées sur une autre unité de vie, la famille. Ses formes en sont aujourd’hui multipliées et leur vocabulaire est riche : famille nucléaire, biparentale, homoparentale, monoparentale et plus récemment famille recomposée. Avec toujours ce lien affectif, cet esprit de solidarité, mais aussi de nombreuses difficultés d’ordre émotionnel.
Quelle définition donner de cette unité de vie ?
Une institution sociale qui repose sur un fondement biologique, la sexualité, basée sur l’exogamie et l’interdit de l’inceste. Nous donnons, quant à nous à l’Institut Alcor, une définition plus universelle. C’est le creuset (le terrain ardent) fondé sur la sexualité et où les âmes s’incarnent pour répondre à leur dessein rédempteur. Il n’y a pas, nous dit A.A. Bailey1 de meilleure école d’entraînement pour tout être humain en évolution spirituelle, que la vie de famille avec ses relations obligatoires, ses nécessités d’ajustement, ses demandes de sacrifice et de service.
Ce lien profond entre le spirituel et le charnel nous paraît une donnée essentielle de la notion de famille.
Cela n’empêche pas Michel Serres de dissocier, à l’origine du christianisme le spirituel du charnel. Joseph, Jésus et Marie, nous fait-il remarquer, sont Père, Fils et Mère sans l’être vraiment par le sang, les rapports charnels. C’est une lecture mystique, paulinienne du christianisme. C’est en accord avec la coloration, la qualité de Rayon de ce grand mouvement religieux, le Rayon 6 (idéalisme, mysticisme).
Nos lecteurs le savent, ce Rayon 6 est déclinant, laissant la place au Rayon 7 (organisation, forme, esprit dans la matière). Une autre lecture du message du Christ émerge faisant la part belle aux rapports entre le spirituel et le matériel. Le ternaire Père-Mère-Fils fait alors ressortir le rôle majeur de cette Mère-Matière. Elle reçoit l’influx divin du Père et génère au sein de la matière l’apparition du Fils, le porteur de l’énergie d’Amour. C’est bien là le destin de notre culture actuelle. Faire naître, à partir de la matière, l’Amour universel.
La famille sociale est-elle proche de ce schéma ? Certes non : seule la MÈRE, toutes les MÈRES-courage, nous semblent s’inscrire dans cette vision. La famille des deux mille ans chrétiens a vécu des moments heureux, mais aussi combien de difficultés relevant des tourbillons de l’émotionnel.
La littérature, du Famille, je vous hais d’André Gide au Famille, je vous aime de Luc Ferry, a largement évoqué cet état de choses. Les familles ont connu la séparativité, l’exclusion, l’égoïsme inhérent à ces deux mille ans. Il nous semble intéressant de voir maintenant ce que sera la famille dans ces temps nouveaux où le mental prend de plus en plus sa place (beaucoup de textes de ce numéro, évoquent ces différents aspects). Notre liste n’est pas exhaustive.
• La sexualité fait partie de l’équilibre de l’être humain. Elle doit trouver son rythme, elle doit éviter tout excès (célibat, frénésie sexuelle). Le mariage ou l’union entre deux êtres doit être l’expression d’un amour non égoïste. Il n’y a pas de plus grand service rendu à la race, nous dit A.A. Bailey, que de lui procurer des corps pour les âmes qui doivent s’incarner, et que de consacrer toute son attention aux possibilités d’éducation qui peuvent être offertes à ces âmes dans les limites du foyer. La relation entre l’âme et la personnalité qui va s’instaurer tout au long de la vie de l’individu est un aspect plus élevé de l’expression sexuelle fondamentale de l’univers.
• Nous devrons passer de la famille nombreuse à la qualité de la famille fondée sur l’intelligence de l’éducation.
Ce qui suppose le rejet d’un taux de naissance croissant à l’échelle de la planète. D’abord parce que la planète a ses limites sur le plan économique. Et par ailleurs, le manque de régulation de la sexualité amène, par un phénomène d’attraction magnétique, des âmes en incarnation de façon prématurée, précipitant dans le plan physique des enfants non désirés.
• Une famille équilibrée manifestera une reconnaissance d’un statut hiérarchique en terme de relations, du moins grand au plus grand, du plus au plus fort, du moins expérimenté au plus expérimenté. C’est l’apprentissage de cette énergie d’amour entre les êtres et qui plus tard éveillera la reconnaissance de relations entre l’humanité et la hiérarchie autour du Christ.
Conjointement, c’est l’émergence d’un sens de responsabilité du plus âgé vers le plus jeune, du plus sage vers l’ignorant. S’offre ainsi l’occasion de développer la connaissance. Ce sera l’occasion de développer le don de soi, le sacrifice de soi (Dieu sait si les mères courage l’ont mis en pratique).
• Enfin cette famille idéale du futur sera vécue comme la perception d’un fil de lumière qui s’établira des parents vers les enfants, sans autoritarisme ou domination mentale indue et préservant l’indépendance essentielle et déterminée de la jeunesse.