EDITORIAL

Comment dépasser les conflits entre nations et peuples, les rivalités politiques, économiques culturelles qui déchirent si cruellement notre monde ?

L’humanité a déjà commencé à poser des jalons en ce sens. La déflagration des deux guerres mondiales a mis en évidence l’urgence de faire émerger un niveau supérieur aux Nations, à l’échelle de l’Humanité. Des superstructures internationales ont été créées, notamment l’Organisation des Nations Unies fondée en 1945 qui compte aujourd’hui 193 états membres dont la charte des droits de l’homme énonce un idéal commun à atteindre pour la paix, la santé (OMS), l’éducation (UNESCO). Ces réalisations sont encore bien imparfaites et leur impact est limité. Mais, sans conteste, le processus est en route et les jeunes générations pensent spontanément leur avenir bien au-delà des frontières nationales. C’est la planète qui est leur univers immédiat.

Devant nos yeux, les conflits continuent de déchirer le monde, la détresse économique, sociale, morale de certains peuples est immense. La crise actuelle des mouvements migratoires pose la question cruciale d’une gestion d’un Bien planétaire dépassant la souveraineté nationale. Migrants et réfugiés se heurtent aux frontières des états, cherchant par tous moyens à les traverser, au péril de leur vie. Ils malmènent notre « bonne conscience » nous obligeant à considérer, l’autre dans sa souffrance, ses besoins, ses droits, ses différences (pays d’origine, langue, culture, religion). Sur le plan politique, social et économique, n’est-ce pas un appel à un changement de paradigme subsumant les intérêts nationaux dans l’espace et le temps, pour prendre en compte les besoins des citoyens planétaires ?

La rivalité entre nations, l’impuissance des peuples opprimés sont souvent abordés par la presse contemporaine. Pour notre part, nous allons porter notre attention sur les causes intérieures de ces dysfonctionnements en mettant l’accent sur le processus évolutif à l’œuvre.

C’est à nouveau l’Âme spirituelle qui est notre fil directeur, mais cette fois-ci, il s’agit de l’Âme des nations. Car tout comme l’être humain, les nations sont une entité avec une Âme, une personnalité et une Étincelle divine. L’enjeu ici n’est pas seulement que les nations expriment leur Âme, mais qu’à partir de leur Âme, elles développent une conscience planétaire et une volonté unifiée orientée vers un bien commun planétaire. Malheureusement, actuellement, aucune nation n’est véritablement régie par son Âme. Les plus avancées sont seulement au stade de la personnalité intégrée et… très personnelle.

C’est à nouveau l’Âme spirituelle qui est notre fil directeur, mais cette fois-ci, il s’agit de l’Âme des nations.

Cette personnalité, construite progressivement au cours de l’histoire, prend le nom d’état ou de nation avec un territoire politique délimité par des frontières. Alice Bailey précise qu’au cours des siècles, les nations renaissent plusieurs fois, s’incarnant dans une nouvelle forme1, avec évidemment des cycles bien plus vastes que ceux de l’incarnation humaine. Et tout comme les êtres humains au fil de leurs incarnations, les nations se sont créées un karma rétributif (agressions guerrières, exploitation des peuples etc.).

Par ailleurs, si c’est l’entité état nation qui constitue la personnalité, y a-t-il une entité qui porte plus expressément la voix de l’Âme ? Plusieurs articles émettent des hypothèses sur ce point. Le lexique publié en fin de revue essaie d’éclairer le sujet.

L’énergie des rayons est également au premier plan des facteurs intérieurs influençant les nations dans leur capacité de se rallier à un même dessein. Ces puissantes énergies ne cessent d’agir sur l’humanité depuis ses stades primitifs, s’exprimant à travers des civilisations et des cultures successives, modifiant les courants de pensée et incidemment impactant la politique des nations. Ces dernières y sont d’autant plus sensibles que les rayons dominants à une époque ont des affinités avec leurs propres rayons. Nous avons déjà exposé que deux rayons affectent puissamment la destinée humaine en cette période : ce sont d’une part le sixième rayon de la dévotion de la foi et de l’idéalisme qui est en train de sortir de la manifestation et d’autre part le septième rayon de l’organisation dont l’influence devient majeure. Quand un rayon est en fin de manifestation, les aspects négatifs de son influence se cristallisent. Ainsi, le sixième rayon vitalise en ce moment les forces réactionnaires, conservatrices et fanatiques. Au contraire, le septième rayon engendre les nouvelles formes de civilisation, mettant fin par conséquent aux vieilles idées. En conséquence, deux parties de l’humanité sont dans une incompréhension mutuelle qui peut les opposer durement. Nous en voyons la terrible manifestation dans les diverses formes de radicalisme religieux ou philosophique allant jusqu’au terrorisme pour s’opposer aux nouvelles formes culturelles particulièrement portées par les jeunes. Là encore, ces mouvements de radicalisme religieux, font fi des nations et des frontières. C’est l’humanité entière qui est concernée par ce conflit interne à pacifier.

Y aurait-il une idéologie politique (monarchie, démocratie, totalitarisme, communisme) plus spécifiquement porteuse de l’énergie de l’Âme ? Le maître Tibétain explique que toutes ces idéologies peuvent convenir pour un temps aux groupes et aux nations qui les ont adoptées. Mais aucune d’entre elles (y compris la démocratie), n’est susceptible d’être universellement appliquée. Par contre elles « contiennent à l’état latent des éléments de beauté, de force et de sagesse et peuvent apporter une contribution valable à la formation du monde de demain2 ».

L’union des nations pour le Bien commun planétaire n’implique donc aucunement l’uniformisation de gouvernement, de système politique, ni de religions, de culture ou de langue mais une compréhension aimante qui est la caractéristique de l’Âme et une volonté unifiée. Beaucoup reste à faire, néanmoins, la vague du processus évolutif pousse les nations à avancer de concert, d’« Un souffle uni et sur un rythme unifié ». C’est là un formidable défi spirituel vers lequel nous devons tendre nos efforts.