EDITORIAL
C’est une invocation de plus en plus vive qui monte de tous côtés : un appel que lance l’humanité pour un monde nouveau, une autre civilisation. Elle est à l’arrière-plan de ce que l’on appelle « le printemps arabe », à l’arrière-plan des révoltes des jeunesses du monde. Les penseurs de nombreux pays lui consacrent des ouvrages. Elle regroupe tous ceux qui sont révoltés par les injustices sociales sans cesse croissantes, révoltés par les agressions que subit notre planète et par le chaos des relations internationales.
Dans ce numéro du SON BLEU, nous tentons d’intégrer tout cela dans une vision liée à la marche en avant de l’humanité qui, au travers des crises actuelles, prend conscience d’elle-même et de l’âme qui la guide.
Dans le numéro suivant (23) nous insisterons plus sur les mutations concrètes en cours. « En vérité, comme le dit un des auteurs de ce numéro, citant l’Agni Yoga, ne divisez pas le monde en Nord et Sud, ou en Est et Ouest. Mais en toute chose, distinguez partout le vieux monde du Monde Nouveau. Le vieux monde trouve son refuge sur tous les continents, le Monde Nouveau a aussi déjà vu le jour un peu partout, sans distinction de frontières et de conditions ».
Une civilisation est un être vivant, au même titre qu’un homme, une fleur, un cristal. Il y a en elle une étincelle de VIE, une âme et toute une manifestation matérielle. Quand un homme meurt, la partie matérielle (la personnalité constituée de matière physique, émotionnelle, intellectuelle) disparaît, et l’étincelle divine-Ame s’échappe avant de renaître dans une forme nouvelle.
C’est la même chose pour une civilisation. Des formes matérielles tangibles, émotionnelles, intellectuelles, sont détruites. Cela peut s’accompagner de catastrophes climatiques, géologiques. La VIE s’échappe, il s’ensuit une période de chaos où la VIE semble avoir abandonné le monde. Jusqu’au moment où la VIE trouve les formes nouvelles de la résurrection.
La Sagesse Immémoriale nous enseigne par ailleurs que de tels troubles de transmutation de la VIE sont guidés par le futur. Un règne de la nature sert d’attracteur pour la transmutation du règne qui le suit (le règne animal par exemple attire la transmutation de règne végétal). Ce rôle attracteur du futur, plusieurs auteurs de ce numéro l’ont mentionné : « il est urgent et nécessaire de commencer à songer le futur ». « L’éveil de conscience, la clarificatio de l’enseignement, l’appel du futur produiront une grande régénération de pensée ». Alors n’hésitons pas à faire appel à l’utopie. Elle peut dire le vrai du futur. Même Thomas MORE (1477-1533), avec son célèbre ouvrage UTOPIA, ne s’y est-il pas laissé prendre ? N’a-t-il pas prévu le comportement politique de l’Angleterre des cinq siècles à venir ?
Deux vagues de vie ont traversé l’ancien monde depuis 2000 ans. Une vague mystique, quantitativement la plus importante, et qui a manifesté une dévotion profonde au divin, parfois vécu comme quelque chose d’extérieur. Puis, surtout à partir de la Renaissance (1426), une vague d’intelligence créatrice à orientation matérielle et parfois fascinée par le mirage du matérialisme. Se retrouvent dans cette vague, des penseurs, des scientifiques, des artistes. L’osmose entre les deux vagues a été fréquente.
Tous vont entrer dans le Nouveau Monde qui est celui de la rencontre de l’homme et du divin, le divin vécu à l’intérieur de soi. C’est la « nouvelle naissance » que le Christ a annoncée dans son dialogue avec Nicomède (St Jean, 3.3). C’est la naissance du Christ- Enfant dans le coeur de l’homme, ce que nous appelons la première initiation à la vie spirituelle. Elle conduira peu à peu une part importante de l’humanité à un contact de plus en plus fort avec son âme spirituelle. Elle sera guidée dans cette démarche par les Serviteurs du Monde pénétrés par les lois de l’âme. Tout particulièrement par la loi de Sacrifice ou de renonciation, qui s’exprime par cette impulsion à donner, et la loi de Service, le service étant la manifestation spontanée de l’âme.
La civilisation nouvelle, c’est aussi une autre organisation de la société que nous commençons à explorer dans ce numéro du SON BLEU. Comment faire en sorte que la notion de travail s’intègre dans cette nouvelle vision ?
La loi de Service n’en est-elle pas le point d’ancrage ? Comment retrouver la qualité des choses en faisant appel à la notion de vibration, de résonance, d’interdépendance des substances et des formes ? Comment concrétiser pour tous les peuples le rêve formulé par le président Franklin Roosevelt et Winston Churchill, dans la Charte de l’Atlantique le 14 août 1941, à savoir les quatre libertés fondamentales :
– Liberté d’expression
– Liberté de religion
– Liberté de vivre à l’abri du besoin
– Liberté de vivre à l’abri de la peur