EDITORIAL

Ce mot est partout, dans nos vies quotidiennes, dans nos réflexions sur le sens de la vie, sur notre destinée. Conscience individuelle, conscience universelle. Conscience de veille, inconscient. Perdre conscience. Prendre conscience. Travailler en conscience. Que se cache-t-il derrière ce mot ?

Les scientifiques biologistes, bio-chimistes ont bien tenté de cerner les choses et ont cherché dans la matière l’origine de l’intelligence, de la conscience. Pour eux notre cerveau est le site d’expression de ces fonctions. Cet organe est le récepteur des stimuli provenant de nos cinq sens (ouïe, toucher, vue, goût, odorat). Tout est brassé, entrechoqué à l’échelle matérielle, neuronale, informationnelle. De là émerge intelligence, conscience. Bien que dominante, cette vision matérialiste est de plus en plus battue en brèche par de nouvelles conceptions. Notre cerveau n’est-il pas un système beaucoup plus ouvert (Idriss Aberkane). Matière et psyché ne sont-elles pas reliées (Emmanuel Ransford). Certes la conscience s’exprime par le biais de notre cerveau, mais n’est-elle pas indépendante du cerveau dans certaines circonstances et ne recouvre-t-elle pas de vastes domaines subtils de notre psyché ? (Philippe Guillemant).

Autre débat inhérent à la psychologie contemporaine. Il y a conscience de veille, mais aussi en nous un monde inconscient : subconscient, surpra-conscient. Les psychologues de type cognitif refusent cette éventualité. Les psychologues nourris des travaux de Sigmund Freud, Carl Gustav Jung, Roberto Assagioli, tous trois fondateurs de la psychanalyse, la revendiquent. Malgré ces différentes approches il faut mettre au crédit de la psychologie deux propriétés essentielles de la conscience :
– Elle se développe dans le rapport avec l’autre. C’est ainsi que l’Etre humain passe de la confusion à la conscience individuelle, puis un jour éventuellement à la conscience de groupe.
– Le déploiement de la conscience passe par l’expérience. L’expression « prise de conscience » traduit bien ce passage entre l’idée dans le mental et la réalité concrète au plan physique.

Les écrits spirituels s’accordent sur deux points :
– La conscience est l’espace entre Esprit et matière. La matière joue un rôle privilégié dans la manifestation de la conscience. C’est dans l’incarnation que nous devenons conscients.
– Nous sommes dans un système solaire dont la finalité est l’expression du second aspect divin ou Amour- Sagesse. C’est celui du Fils qui vient nous « révéler » ce que le Père des mondes a construit. La conscience c’est effectivement ce qui « révèle ». La conscience est une manifestation d’amour divin.

Cela nous amène à poser cette question : que se passe-t-il lors de l’émergence d’une forme ? En 1921 A.A. Bailey a publié un petit ouvrage (La conscience de l’atome) où elle avance l’hypothèse que « dans tout atome de matière tressaille un fragment de conscience universelle ». C’est un phénomène rencontré dans toute forme : minérale, végétale, animale, humaine, planétaire, solaire… Quelques années plus tard Pierre Teilhard de Chardin reprendra la même idée « La matière est source de révélation parce que, sans secousse, sans tonnerre, la flamme a tout illuminé par le dedans ».

Quelle est la nature de ce Feu ? Il ne brûle pas. Il est de nature éthérique. Il se trouve dans le centre basal rencontré dans toutes les formes. Il constitue le Feu de la matière. Il est la volonté de vivre qui dynamise la révélation progressive des différents éléments de la conscience.

Ce Feu est en fait la manifestation du troisième aspect divin (intelligence active) qui contribue ainsi à l’expression de la conscience dans le second aspect divin (Amour-Sagesse). A chaque vie nous recevons un potentiel de vie universelle (et c’est vrai pour tous les règnes) et pendant chaque vie nous l’amplifions.

Cela commence par l’intelligence adaptative, l’activité créatrice. Puis s’ébauche cette conscience individuelle si prégnante dans la civilisation actuelle. Chacun est tellement préoccupé par l’affirmation de soi, le développement du soi personnel qu’il en oublie le bien commun, la conscience universelle. Travailler en conscience, n’est-il pas à chaque instant faire le lien entre l’individuel et l’universel ?

La conscience spirituelle ne prend corps qu’avec les trois initiations christiques qui sont successivement ; la maîtrise du corps physique puis celle du corps émotionnel et en n celle du mental. Conscience de groupe et conscience causale ouvrent alors la porte à une conscience planétaire universelle.