EDITORIAL

Cette notion d’âme, au sens spirituel du terme, a beaucoup de mal à s’imposer dans notre culture actuelle. Le mot recouvre le plus souvent la notion d’états d’âme qui fait référence aux propriétés de notre corps émotionnel (sentiments, désirs, amour-haine, bien-mal, etc…). Au sens noble, c’est pourtant une vieille donnée de notre culture. Pour Platon (le Timée) l’âme du monde est le pouvoir idéal d’organiser. Elle est le principe générateur universel. Il insiste aussi sur la relation entre l’âme et la pensée (le Phédon) et sur la dualité qui caractérise l’être humain, où l’âme est le divin ancré dans un corps mortel. Tout au long de l’histoire de notre culture, les auteurs ne feront que reprendre les idées de Platon. C’est le cas de Plotin, de Saint Augustin. La culture judéo-chrétienne introduira la conception trinitaire « corps-âme-esprit » mais très vite, la confusion s’installa quant à la différenciation entre Âme et Esprit, l’un étant pris pour l’autre.

La Sagesse Immémoriale a une vision très claire des choses. Toute manifestation divine, toute création de forme, toute descente de l’Esprit (+) dans la matière (-) s’accompagnent de l’émergence d’une phase intermédiaire, l’Âme, de nature bipolaire, formée de l’un et de l’autre des deux éléments majeurs. Cette Âme est universelle. Tous les règnes de la nature ont une Âme ou conscience qualitativement différente. Pythagore disait que l’âme dort dans la pierre, rêve dans la plante, s’éveille dans l’animal et devient conscience de soi dans l’homme. L’homme du 4e règne de la nature est précisément apparu il y a 18 millions d’années. Il résulte de la rencontre des étincelles divines humaines (Esprit +) portées par notre Logos planétaire et de l’Homme-animal (matière -). Il se forma ainsi l’Âme spirituelle humaine, intermédiaire bipolaire entre les deux protagonistes initiaux. Un homme, tel que nous le connaissons, n’existe que dans l’incarnation. Il est constitué d’une étincelle divine, d’une Ame spirituelle et d’une personnalité faite de matières physique, émotionnelle, intellectuelle.

La prise de conscience de l’âme et sa perception est l’un des temps forts de l’évolution spirituelle. Dans la « Lumière de l’Âme » A.A. Bailey nous dit que l’impulsion hiérarchique (les Maîtres de Sagesse autour du Christ) porte essentiellement, pour la période 1926-2026, sur la notion d’âme et la propagation des lois de la Pensée. C’est précisément, avec d’autres groupes, l’objectif que s’est fixé l’Institut Alcor en 2000. Le lien entre Âme et lois de la pensée n’est pas fortuit. L’Âme est le point central du plan mental systémique dont les deux autres composantes sont le mental- intellect et le mental intuitionnel. C’est là qu’apparaît une forme subtile, le corps causal ou Temple de L’Âme. Le corps causal a une histoire et disparaît à la 4e initiation (la Renonciation). Les énergies de L’Âme sont éternelles et imprègnent alors la personnalité.

Percevoir l’Âme, c’est ressentir les effets de la bipolarité de sa nature. Commençons par la partie matérielle. Que ce soit dans la longue série de nos vies ou au début de chacune de nos vies, l’Ame qui vient en incarnation, entre dans un processus d’involution. La conscience s’identifie avec les matières physique, émotionnelle, intellectuelle de nos personnalités. Elle est prisonnière de ces matières. Elle n’en assure pas moins la cohésion de l’être humain et l’équilibre organique de son corps de vitalité. Elle commence aussi à irradier les élémentaux des matières dont nous sommes faits, même si cela est encore très discret. Les pensées de l’être humain ont leur source dans les signaux transmis par les cinq sens, par les désirs de l’émotionnel. La connaissance est celle de la forme matérielle.

Le temps vient où l’âme commence à s’identifier à elle-même. La tension est vive entre, d’un côté, la personnalité tournée vers la matière et de l’autre, l’Âme tournée vers le spirituel. C’est le temps des conflits, confusion de conscience que décrit Marie-Agnès Frémont avec beaucoup de pertinence : l’opposition est extrême entre le rayon de L’Âme et celui de la personnalité intégrée, l’un ouvrant, l’autre enfermant.

L’âme se libère enfin complètement des effets de la personnalité et peut irradier vers cette dernière les énergies spirituelles dont elle est le vecteur. Il y a la VIE émanant de la Triade spirituelle (Volonté éternelle – Amour – Intelligence). Au maximum de son épanouissement, elle projettera ces énergies vers le corps de vitalité et le plan physique tangible. Il y a la COHÉSION qui crée cet alliage entre le fragment de pensée divine et les matières dont sont faites toutes les formes. C’est cet AMOUR qui tient tout comme disait Pierre Teilhard de Chardin. Il y a enfin ce facteur ÉVOLUTION de notre conscience qui nous fait passer du 4e règne de la matière, le règne humain, au 5e règne, le règne des Âmes marchant humblement sur cette Terre. La pensée de l’être humain n’est plus celle liée aux événements extérieurs, mais vient de l’intérieur, du CŒUR. Penser dans le cœur, c’est penser à partir de l’âme enrichie de toutes nos expériences, et des « idées » venant des plans spirituels. Le mental-intellect est alors le relais entre l’âme et notre cerveau physique. Un homme, dit-on, est tel qu’il pense en son cœur.

Identifier sa conscience avec l’Âme, c’est trouver le Christ intérieur au fond de soi. Et dans cette LUMIÈRE c’est voir une autre LUMIÈRE, celle du PÈRE, celle de l’étincelle divine.