EDITORIAL

Dans le numéro 13 du Son Bleu nous avons évoqué les deux premiers temps de la spiritualité. D’abord cette spiritualité inconsciente, silencieuse, que manifestent beaucoup de personnes dans leur expérience de vie, et qui rend caduque, à notre avis, la séparation que les religions ont instaurée entre croyants, agnostiques, athées. Puis, deuxième temps, cette présence du divin, de plus en plus ressentie à l’intérieur de chacun de nous, et que nous avons qualifiée de spiritualité consciente.

Vient alors, et c’est ce que nous abordons dans ce numéro 14, l’identification au divin, ou comment faire en sorte que notre conscience ne fasse qu’UN avec ce divin, avec l’âme spirituelle sur son propre plan. Nous parlons bien toujours du quotidien. Plus on avance dans la spiritualité, plus la vision du monde s’élargit, plus le spirituel imprègne le quotidien.

Un être humain, c’est du divin (Étincelle divine – Âme) qui s’entoure d’enveloppes matérielles (physique, émotionnelle, intellectuelle). Le chemin est long et difficile pour l’âme encore vacillante qui s’incarne. Elle entre tout d’abord dans une phase d’involution où elle oublie ce qu’elle est et devient aveugle à la réalité spirituelle de ses origines. La conscience s’identifie avec la matière de ses enveloppes. C’est le temps des souffrances, des conflits, mais aussi des expériences où l’on apprend.

Cela dure des vies, ou une partie de la vie pour une existence donnée. Puis vient le moment où l’âme discerne, fait la part du matériel et du divin. C’est le temps de la spiritualité inconsciente et consciente décrit ci-dessus. Pour s’identifier à ce divin, deux voies s’ouvrent devant elle.

Blaise Pascal au 17ème siècle avait bien pris conscience de ces deux chemins, lui le mystique et le géomètre. Ne disait-il pas que le Dieu des savants et des philosophes n’est pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auquel le cœur est sensible. Il semblait privilégier la voie du cœur et de l’Amour que le caractère dévotionnel des religions avait largement favorisé, et que de grands mystiques comme François d’Assise ont marqué de leur sceau. Mais cette voie a montré ses limites. N’a-t-elle pas conduit à une forme de dualisme où le divin était recherché à l’extérieur, en rupture avec le fondement des choses, la matière ?

En revanche, la voie des savants et des philosophes, celle de la Raison, s’est trouvée fortifiée par le siècle des Lumières et le développement de la science contemporaine. Elle s’est d’emblée appuyée sur le mental-intellect pour entrer dans une investigation fine de la matière et des énergies. Dans le meilleur des cas elle percevra l’essence de la Vie derrière la matière et la volonté spirituelle qui l’anime, ce fut la voie d’un Roger Bacon au 13ème siècle, de Maître Eckhart, et de nombreux sages d’Orient. Par ailleurs, elle a aussi montré ses limites : la barrière du matérialisme, ou encore l’orgueil de la connaissance.

On l’aura compris, l’identification au divin est dans la fusion, la synthèse des deux voies : celle de la Foi profonde et celle de la Raison, de l’Amour et de la Volonté spirituelle à l’arrière-plan des choses. C’est précisément cette synthèse que manifestèrent les grands noms précédemment cités. Cette synthèse est compréhension aimante fondée sur les lois de la nature, les lois de l’âme spirituelle, les lois de la vie. Un jour, une grande part de l’humanité sera identifiée à l’âme. Le règne humain passera ainsi au 5ème règne, le règne des âmes. Le Ciel sera sur la Terre et beaucoup d’êtres humains « marcheront humblement avec leur Dieu ».

Comment faire en sorte que notre conscience ne fasse qu’UN avec ce divin, avec l’âme spirituelle sur son propre plan ?