EDITORIAL
C’est la science contemporaine qui, à partir du XIXe siècle, a révélé à l’humanité cette notion d’évolution : nous sommes l’aboutissement d’une histoire qui a commencé il y a quatre milliards d’années sur notre planète.
Au XXe siècle nous devions découvrir que cette évolution biologique a été précédée d’une évolution de la matière vieille d’au moins quatorze milliards d’années. Conjointement à ces faits scientifiques, la Sagesse Immémoriale proposait une vision synthétique de l’évolution englobant l’évolution de la conscience dans ses aspects psychologiques et spirituels, que l’on trouve en Occident, entre autres œuvres, dans les écrits de H. P. Blavatsky, A. A. Bailey et Pierre Teilhard de Chardin. L’évolution apparaît donc comme un phénomène universel.
Pour les biologistes, les choses ne furent pas aussi simples. Ils tentent depuis Charles Darwin (croyant, mais soucieux de voir dans l’évolution un phénomène naturel indépendant des dogmes religieux) d’imposer une idéologie faisant reposer l’évolution sur le hasard des chocs moléculaires. Qu’il y ait du hasard, de l’aléa, des voies de garage dans l’évolution biologique, nul ne le conteste. Depuis une vingtaine d’années de nombreux chercheurs, biologistes, physiciens, estiment que c’est regarder les choses par le petit bout de la lorgnette. Ils estiment qu’une loi nous manque pour comprendre l’évolution, qu’un principe intégrateur de tous les faits observés est à trouver. Depuis 1995, aux Etats-Unis, des biochimistes travaillant sur le métabolisme cellulaire que des bactéries ont inventé il y a plusieurs milliards d’années, sont arrivés à la conclusion que ces réseaux très sophistiqués de réactions chimiques ne pouvaient être le fruit du hasard.
Derrière cette complexité se cachent des concepts, donc de l’intelligence. D’où la théorie de « l’Intelligent Design » que beaucoup caricaturent en la qualifiant de « créationniste » pour mieux l’amalgamer au courant évangélique américain qui défend une création divine datant de 4004 ans avant JC. Qui peut douter qu’il y ait de l’intelligence dans la nature ? Albert Einstein disait « ce monde ruisselle d’intelligence ».
La Sagesse Immémoriale nous enseigne que notre système solaire est la forme d’expression d’un Logos, notre Dieu, porteur d’un Dessein intelligent. Quelle est la nature de cette intelligence ? Cette intelligence ou Manas, nous est-il dit, est un feu qui vient de Sirius pour éclairer l’obscurité de la matière et la faire entrer, ainsi, dans un processus d’évolution et de rédemption. Cette intelligence concerne tous les plans de l’évolution humaine, depuis le plan physique jusqu’au plan atmique, le troisième.
Intelligence (inter-legere) veut dire choisir entre, discerner. Les mots qui caractérisent Manas sont précisément discernement, activité ordonnée, adaptation, transmutation. A l’échelle la plus élémentaire de la matière (particules, atomes, molécules) ces quatre qualités s’appliquent. La matière est capable de discernement, s’organise en structures d’une grande beauté et s’adapte aux nécessités des étincelles de Vie qui s’incarnent dans des myriades de formes.
Il y a une psyché de la matière que commence à pressentir certains physiciens quantiques. Et la fameuse sélection naturelle des biologistes qui oriente toujours l’évolution vers les formes les plus adaptées et les plus complexes, et soi-disant au hasard, n’est-elle pas tout simplement un effet de Manas ? Sélectionner n’est-il pas discerner ? Le discernement est une étape-clé de l’évolution de notre corps mental : connaissance – discernement – illumination. Il faut évidemment avoir dépassé la versatilité de notre corps émotionnel, sa propension à se griser de mirages. Puis vient la capacité à discerner entre les paires d’opposés majeures : l’Esprit de la Matière, le Soi du Non-Soi, l’Âme spirituelle des enveloppes au moment de l’incarnation (physique, émotionnelle, intellectuelle). Discerner les deux pôles est une chose, les dépasser, les fondre l’un dans l’autre dans un équilibre dynamique qui n’est ni l’un ni l’autre, est une tout autre difficulté. C’est faire naître « l’Homme nouveau » dont parlait St Paul. La clé en est la transmutation de la matière mentale intellectuelle (la chitta des hindouistes) qui doit être purifiée de toutes les dérives développées dans la personnalité : critique destructrice, formes-pensées générées par les désirs, fantasmes de l’imagination etc.. Elle doit se détacher de tout cela pour devenir le reflet cristallin de la lumière de l’Âme spirituelle. Alors s’établit l’alignement Ame spirituelle – mental intellect – cerveau physique. L’Âme conduit à l’Illumination, le corps mental tout entier s’ouvre au plan du Cœur, à l’énergie d’Amour-Sagesse. Manas a enfanté de Budhi.
Ce discernement entre le Soi (le divin) et le Non-Soi (les matières élémentales des enveloppes dont sont constituées toutes les formes) nous ouvre enfin les portes d’une compréhension globale de l’Évolution. Le Soi, ici, c’est la pensée aimante de notre Logos planétaire qui imprègne notre Terre des « Idées » propres à son Dessein. Ces Idées s’incarnent au sein de la matière élémentale. De là naissent les formes minérales, végétales, animales, humaines, supra-humaines.
La Vie de notre Logos planétaire, sa Pensé descend ainsi cycliquement dans toutes les formes observées au cours de l’Évolution. Ainsi cette vie accroît-elle sa qualité, sa capacité vibratoire, jusqu’à ce qu’elle se libère de toutes les limitations imposées par les formes et retourne à sa source éternelle. Les règnes sub-humains ne sont-ils pas le témoignage de l’intelligence de notre Logos planétaire ? Quant au règne humain, malgré les turpitudes résultant de son libre-arbitre, n’est-il pas celui qui, en plus de l’intelligence, témoignera de la qualité d’Amour de notre Logos planétaire ?