EDITORIAL
Laurent Dapoigny
LA LIBERTÉ
Qui ne désire pas aujourd’hui être libre ? Personne ! Pourquoi ? Parce que la liberté est l’un des fondements essentiels de notre être. Si cet appel à la liberté individuelle n’existait pas chez les Anciens1, elle est réclamée depuis le siècle des Lumières et elle fut mise en avant dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (DDHC) et dans la déclaration universelle des droits de l’homme des Nations-Unies (DUDH) de 1948.
L’article 4 de la DDHC de 1789 indique que « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. » La liberté promue par les institutions est ainsi limitée par des bornes, elles-mêmes définies par la loi. La liberté ne saurait donc être réclamée hors d’un cadre institutionnel car le citoyen est inséré dans la cité et ce sont les lois qui gèrent les bonnes relations entre le citoyen et la cité.
L’article 3 de la DUDH indique : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne », et l’article 18 que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. » Partager et diffuser ses convictions, qu’elles soient religieuses ou pas, seul ou en groupe, est donc un droit universel. Ceci, bien sûr, dans le respect total de la liberté d’autrui.
Au cours des trois dernières années, pendant la pandémie de Covid-19, ce thème de liberté s’est fait beaucoup entendre face aux restrictions
de mouvements qui furent imposées et face à l’obligation vaccinale décrétée dans certains pays. Pour certains, un retour en arrière sur nos
acquis durement conquis par la lutte de nos aïeux semblait en route. Une discrimination forte entre vaccinés et non vaccinés a été appliquée. Dans
les institutions, les entreprises, les familles, les réseaux, « pour et anti » vaccins se sont durement opposés, chacun avançant sa propre vision de
l’arbitrage nécessaire entre la liberté individuelle et l’intérêt général. Loin de tous les débats et des conflits que cela a pu susciter, il nous a semblé utile, dans le cadre de la revue Le Son Bleu, de travailler sur ce thème de la liberté tout en le plaçant dans une perspective plus large et bien sûr spirituelle.
Le maître Djwhal Khul nous indique, dans ses enseignements transmis par A.A. Bailey, qu’il existe un grand principe cosmique de liberté, une énergie dynamique2, expression de la divinité, comme le sont l’amour, la volonté ou le mental.
Ce principe de liberté est capable de pénétrer la substance permettant ainsi à la Vie, ou Esprit, de se libérer de l’impact, du contact et de l’influence de la substance. À notre petite échelle, sur cette planète Terre, l’humanité et les hommes sont agis par ce principe. Ce processus amène les hommes à la libération à travers le processus de l’évolution, les libérant ainsi de leurs désirs personnels, de leurs mirages, de leurs illusions, et de leurs limitations. La Réalité peut alors être perçue sans déformation.
L’âme est par nature libérée de toute chose, nous dit le maître Djwhal Khul, ajoutant que la liberté est un état mental et non une condition de l’être.
La liberté spirituelle est donc bien autre chose que de pouvoir faire ou ne pas faire quelque chose, ou de pouvoir penser ou ne pas penser.
L’homme véritablement libre l’est même en prison et il n’a pas besoin de réclamer la liberté, car il est libre en pensée, en conscience et dans son être ; les restrictions de la matière ne sauraient plus le limiter.
Mais ce sont bien les limitations, et les victoires sur ces limitations qui permettent à la liberté en l’homme de grandir avant de pouvoir pleinement s’épanouir.
L’évolution de la vie n’est-elle pas ainsi une aventure vers plus de liberté grâce aux formes limitantes contraignantes pour, au-delà de ces mêmes formes qui seront abandonnées, grandir avec plus de liberté dans de nouvelles formes plus adaptées au nouveau degré de conscience acquis ? Le développement de la conscience de groupe participe à cette liberté plus grande qui, libérée des désirs de la personnalité, répond avant tout au bien commun et à l’intérêt général dans un esprit de fraternité. Et c’est bien cet esprit de fraternité qui est appelé dès le premier article de la DUDH : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Et l’humanité, comme l’homme, ne saurait se soustraire à ce chemin vers plus de conscience, plus de liberté et plus de fraternité.
Puisse ce numéro du Son Bleu nous aider à mieux parcourir ce chemin de libération.