EDITORIAL

Chacun peut faire l’expérience.Demandez autour de vous « La vie a-t-elle un sens ? » Dans la majorité des cas, la réponse est négative. Seules quelques personnes portées par une foi religieuse forte répondent positivement.Autre réponse, rare et surprenante, celle de personnes athées disant, quand j’écoute de la musique de J.S. BACH, je ne peux m’empêcher de penser « Il y a quelque chose à l’arrière plan de cette beauté ».

Ce très beau thème peut être abordé sous de nombreux angles. Deux nous semblent majeurs. D’abord d’où vient ce flux de vie qui inonde le cosmos et s’est épanoui sur notre Terre ?Nous avons maintenant toute raison de penser qu’il existe ailleurs, sur d’autres exo planètes très semblables à la nôtre.Quel est le sens de ce déferlement de vie ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi sommes-nous là, avec nos souffrances, nos joies ?

Et puis, seconde approche, quelle relation avec nos cinq sens (ouïe, toucher, vue, goût, odorat) ? Ils sont en eux-mêmes, ou par les appareils qui les prolongent, des fenêtres sur notre monde physique. Nous verrons que cette approche est réductrice étant donné qu’elle ne concerne que notre monde physique. En fait, nos états de conscience sont des extensions des cinq sens et donc des fenêtres sur les mondes intérieurs que nous utilisons pour construire, à chacune de nos vies, nos véhicules d’expression (physique, émotionnel, intellectuel). Ils sont le NON-SOI et nous font prendre conscience du SOI qui est l’essentiel de nous-mêmes (l’Âme spirituelle, l’Être intérieur, etc…). Mine de rien, les sens donnent du sens à la vie, ils font émerger en nous l’Homme spirituel.

La science contemporaine peut-elle nous apporter quelque lumière sur le sens de la vie. A priori non, elle s’est édifiée en refusant toute forme de finalité dans le monde matériel.

Nous nous souvenons d’Albert Jacquard, généticien, par ailleurs, humaniste et altruiste, parlant de l’Évolution sur France Culture. « Voir du sens dans l’Évolution sur la Terre est une illusion de votre mental » déclarait-il de façon péremptoire. Il n’en reste pas moins, qu’à l’heure actuelle, de nombreux chercheurs se posent des questions. Les lois mathématiques ou physiques préexistent-elles dans la nature bien avant que le cerveau humain ne les découvre, d’où viennent-elles ? La cosmologie par ailleurs nous fait entrer dans un monde cosmique de plus en plus complexe et se pose ouvertement des questions sur le contenu de vide quantique. D’autres scientifiques se demandent « La réalité physique est-elle la manifestation d’un dessein ? ».

C’est l’épanouissement du « cœur » qui commence à donner du sens à la vie. L’une des qualités portées par le centre du cœur est précisément « voir la vie comme un témoignage d’amour et de beauté ». Regarder un champ de coquelicots, goûter un coucher de soleil sur la montagne, se perdre dans le bleu de la mer à l’arrière-plan de quelques pins rabougris sont autant d’indices qu’il y a quelque chose. Et quand cette sensibilité du cœur pressent, qu’au-delà de ce que nous sommes, il y a une âme que nous avons construite au cours de nombreuses vies et qu’un jour cette âme sera notre héritage, la vie prend tout son sens.

La quête de sens a évidemment une relation avec la souffrance, la douleur, la maladie. Ne pas trouver de sens à la vie est déjà en soi une souffrance. C’est ce qui arrive à l’Homme qui traverse cette phase d’ignorance (qui dure beaucoup de vies) après son individualisation (voir dans ce même numéro le lexique). L’éveil du mental source de libre-arbitre l’amène à faire des expériences tantôt positives, tantôt négatives. Les conséquences de ces dernières amènent leur lot de souffrance physique, psychique. Les phases suivantes (enseignement, sagesse) qui sont celles qui vont peu à peu donner du sens à la vie n’en sont pas moins douloureuses.

La souffrance peut prendre de nombreux chemins. Il y a les hommes et les femmes largement déterminés par des croyances, des systèmes de valeurs familiaux, nationaux, historiques et qui se sentent étrangers à ces carcans émotionnels, mentaux. Leur souffrance naît de l’écart entre ces valeurs et l’aspiration de leur conscience. Ils sont en exil. En beaucoup moins nombreux il y a ceux qui découvrent dans les mythes fondateurs ou les grands systèmes analogiques (astrologie, kabbale, tarots, yi-king) une source de compréhension. Leur souffrance provient du décalage entre l’aspiration de leur âme et la réalité de leur existence. Il y a enfin en très petit nombre, ceux qui comme le dit Luc Bigé « ont incorporé à leur être une parcelle du nom de Dieu ». Leur souffrance peut parfois être intense, ils peuvent se brûler au contact de cette force extrême.

Cette question du sens de la vie nous met enfin au centre de l’un des problèmes majeurs de notre temps : celui de cette jeunesse qui ne sait où trouver du sens pour répondre à l’épanouissement de la psyché. Nous vivons une période difficile que la connaissance des rayons éclaire : d’un côté un rayon 6 de moins en moins actif, de l’autre un rayon 7 de plus en plus prégnant. D’un côté une énergie idéalisante mystique, voire violente, fanatique qui peut répondre aux besoins du corps émotionnel (en pleine maturation chez les jeunes) y compris dans ses aspects les plus pervers (Daesh, E.I.). De l’autre une énergie que nous connaissons mal encore, celle du Rayon 7, plus mentale, très concrète, par essence le mariage entre Esprit et Matière. Elle devrait nourrir l’enthousiasme de la jeunesse pour la nature, la Terre. Elle devrait être le ferment d’une véritable conscience planétaire dont nous avons tant besoin aujourd’hui.