Manifeste pour prendre conscience de ce qu’il nous arrive
Fanchon PRADALIER-ROY, le 22 mars 2020
Chercheuse en astrologie, sciences de l’éducation et de la communication, à la croisée de la science et de la conscience, Fanchon donne des conférences, anime des séminaires et des formations en ligne, et est l’auteure de plusieurs ouvrages et de nombreux articles.
Mon précédent article du 8 décembre 2019 intitulé : 2020 L’aube d’un nouveau monde[1], donnait une perspective géopolitique globale à l’évolution de notre monde dans les 12 prochaines années (un cycle de Jupiter), grâce à la cyclicité astrologique. Je vous recommande de le lire ou le relire avec à l’esprit ce que nous sommes en train de vivre. J’y explorais les 3 grands cycles de Pluton/Saturne lors du XXe siècle : celui dit de la Grande Guerre mondiale de 1914 à 1947, puis celui dit des Trente Glorieuse ou de la création d’un état social protecteur de 1947 à 1982 et enfin celui du libéralisme mondialisé de 1982 à 2020. Le nouveau cycle qui s’est ouvert le 12 janvier 2020 débute avec une pandémie mondiale en guise de catastrophe annoncée. En même temps, une perspective globale (que j’ai amplement développée précédemment et dans mes conférences) nous dit que nous sommes dans un cycle analogique à la Renaissance mais avec une portée bien plus considérable puisque nous sommes à l’aube de l’ère du Verseau. Une catastrophe annoncée Un cycle de Pluton/Saturne passe par une phase de déconstruction (au moins dans le premier quartier du cycle c’est-à-dire en l’occurrence jusqu’en 2028/2029) de ce qui n’est plus conforme pour reconstruire. Comme je l’expliquais dans cet articles : le cycle ayant lieu dans le Capricorne il s’agit de reconsidérer toutes nos structures politiques, sociales, culturelles et économiques. Par ailleurs nous sentons venir depuis la dernière décennie une possible catastrophe écologique et un effondrement de notre système de fonctionnement mondialisé (que certains ont nommé Collapse). Nous y sommes ! Ce sont les humains, épuisés par la course effrénée à la compétition et au profit, qui sont touchés en première ligne et l’agent en est ce virus inconnu, mais pas si surprenant que cela, puisque depuis l’épidémie de SRAS de 2003, celle d’Ebola qui a touché l’Afrique dès 2014, nous savons qu’une épidémie peut survenir à chaque instant ! Et les seules choses dont nous nous sommes préoccupés, au lieu de nous y préparer, c’est de continuer à fournir la grande chaudière du moloch économique ! Jusqu’à épuisement des ressources de la Terre et des ressources humaines selon l’expression pas si consacrée que cela ! En France : un détricotage de l’Etat social issu de la Résistance Depuis 1982, en France notamment, nous n’avons cessé de détricoter l’état social pensé par le Conseil National de la Résistance à l’issu des catastrophes antérieures des deux guerres mondiales. Résultat : un système de santé au bord de l’effondrement, qui nous alerte déjà depuis mars 2019 (début de la grève des urgences) et qui est envoyé au front sans les moyens humains et matériels nécessaires…. Comme des fantassins envoyés à la guerre sans munitions ! A l’image de la débâcle de 1940 ! Alors on peut bien les applaudir mais nos encouragements suffiront-ils ? Et fustiger l’esprit de jouissance français, comme l’avait osé le 17 juin 1940 le Maréchal Pétain, la veille du fameux 18 juin où le général de Gaulle relève depuis Londres le gant de la conscience française, nous aidera-t-il à comprendre ce que nous vivons ? En Europe : une politique économique dogmatique au détriment des peuples L’Europe qui s’est construite sur les décombres des deux guerres dans une perspective de paix globale pour tout le continent, bien qu’animée de bonnes intentions, n’a pas adopté une vision sociale mais purement économique, ajustant à hue et à dia les intérêts des trois puissances dominantes : Allemagne, France, Royaume-Uni. La crise économique de 2007 (correspondant à l’entrée de Pluton dans le Capricorne !) gérée mondialement pour sauver les banques (et tant pis pour les Américains mis à la rue, sous la gouvernance du premier noir américain) a apporté sa politique funeste de rigueur budgétaire qui met à genoux les peuples, à commencer par ceux du Sud (la crise Grecque de 2008 à 2012 en est une terrible illustration : en refusant l’allègement de la dette, on a paupérisé le pays, obligé à vendre tous ses services et biens publics : ports, aéroports, entreprises publiques d’énergie et de santé). Les Grecs nous avaient avertis : après nous, si vous cédez, ce sera vous ! L’Europe, un conglomérat d’égoïsmes nationaux, n’a pas protégé ses peuples de la mondialisation sauvage, et a perdu son âme avec la crise des migrants qu’elle sous-traite à la Turquie et pour lesquels les Grecs sont encore une fois aux premières lignes ! La rigueur budgétaire a apporté les nouveaux populismes européens, le Brexit (maintenant que l’Europe a bien été contaminée par la politique du libre-échange à tout crin, les Britanniques quittent le navire Europe pour se réfugier dans un atlantisme béat), l’appauvrissement des classes populaires (qu’on éloigne des beaux quartiers à coup de véritables armes de combat), l’explosion des inégalités, et maintenant la catastrophe sanitaire qui vient ! Dans le monde : Une mondialisation de compétition versus la D.U.D.H. de 1948 Le modèle a envahi toute la planète, jusqu’aux anciens bastions du bloc communiste comme la Russie et la Chine : il s’agit de laisser librement circuler les marchandises et que le meilleur gagne ! La Chine est devenue la fabrique du monde et nous lui avons délégué même la fabrication de nos médicaments ! Quant aux populations victimes des guerres et de la pauvreté, si elles souhaitent émigrer, pour trouver un abri et de quoi vivre, elles ne peuvent compter que sur la bonne volonté de quelques ONG. Tous les idéaux de l’après-guerre, si bien exprimés par la Déclaration Universelle des Droits Humains (D.U.D.H.) de l’ONU de 1948 (juste au début du nouveau cycle Pluton/Saturne débuté en 1947), ont été reniés au lieu de s’incarner peu à peu dans les différentes nations signataires qui se les étaient donné comme « horizon commun à atteindre ! ». Néanmoins ne soyons pas pessimistes, car cet horizon commun n’est autre que celui de l’Ere du Verseau à peine débutante ![2] En chacun de nous une lente prise de conscience décisive Nous sommes nombreux dans le monde à comprendre depuis longtemps que ce fonctionnement n’est pas tenable, n’est pas durable, saccage la Terre et malmène, épuise, voire écrase, les plus faibles d’entre nous. Mais nous nous sommes beaucoup occupés jusque là à faire le ménage devant notre porte, à faire le ménage en nous, à « travailler sur nous » comme on dit ! Ah ces générations des années 60 (nées avec une conjonction Pluton/Uranus) et leur formidable et long travail d’évolution ! En sortant la tête de l’eau de l’inconscient dans ces années 2010/2020 (lors des carrés croissants d’Uranus en Bélier à Pluton en Capricorne), elles ont contribué à faire émerger une nouvelle conscience qui est déjà incarnée dans les nouvelles générations à sa suite. Il va falloir que nous tous, êtres de bonne volonté, nous nous impliquions désormais encore plus fortement dans la reconstruction philosophique, politique, sociale, culturelle et économique d’un monde ravagé par les égoïsmes et les individualismes béats. Il faut sortir des séminaires (qui comme leur nom l’indique sont cloitrés et coupés du monde), stages et autres « webinaires », et des discussions entre ceux qui se comprennent et se confortent en travaillant si bien sur soi, pour s’entraider et ensemble reconstruire ce monde qui s’est effondré pendant que nous nous construisions ! De quoi ce virus nous parle-t-il ? Ce virus mortel qui s’attaque aux plus faibles et à ceux dont les défenses immunitaires sont défaillantes, nous dit que ce qui arrive à un seul d’entre nous, fusse-t-il un Chinois, finira par nous concerner tôt ou tard et plus rapidement qu’on ne le pense ! Que ce que l’on inflige à la planète, aux humains, aux animaux nous revient comme un boomerang.[3] Il nous explique que (selon l’article de Didier Fassin dans Médiapart de ce jour) « Ce n’est pas d’en haut qu’il faut espérer le changement » et il nous enjoint à la solidarité contre les désastres que nous avons enclenchés ! Une épreuve initiatique collective et individuelle Ce confinement est une épreuve collective, au sens initiatique du terme. Il nous met tous à l’arrêt (sauf ceux qui œuvrent à nos besoins vitaux) pour que nous prenions conscience en profondeur de ce qu’il nous arrive, que nous sommes une même humanité et que ce qui concerne même un seul d’entre nous nous regarde tous. Chacun a son propre enseignement à en tirer. Cette épreuve nous met face à nous-mêmes, et il est bon de la vivre sans culpabilité et sans regret, comme une pause. Cette pause, outre qu’elle nous repose du vacarme, nous fait entrer en nous profondément avant de résolument mettre en pratique ce qui nous parait juste. Avant de sortir à nouveau dans le tumulte si vivant et si vibrant d’un monde commun où ne nous attendent pas des horizons paisibles et où il faudra oser le dissensus et le positionnement résolu ! On ne rebâtît pas un monde dans un consensus béat, ni selon les dogmes de l’ancien, mais en s’affrontant résolument au réel, et en s’attelant avec les autres dans l’œuvre commune. Ce réel qui vient de nous rattraper très violemment à travers ce virus ! Jusqu’alors nous vivions selon le dogme de l’individualisme triomphant comme gage du bon fonctionnement d’un monde commun. Le nouveau paradigme est à conscientiser et à incarner c’est-à-dire à mettre en pratique. Haut les cœurs à chacun et à tous ! Amour fraternel à tous ceux qui souffrent et sont en première ligne. Fanchon le 22 mars 2020 PS / le 22 mars 1968 débutait Mai-68, par le mouvement dit du 22-Mars. Que ce 22 mars 2020 soit celui d’une prise de conscience collective et individuelle.
[1] 2020- L’aube d’un nouveau monde
[2] Sur tous ces sujets voir mon ouvrage : La destinée de la France, essai sur une astrologie des civilisations.
[3] Voir les trois articles de Médiapart de ce jour, 22 mars 2020 : sous le titre générique : Covid 19, Penser ce qu’il nous arrive.