L’aspiration à l’immortalité est primordiale chez l’être humain. Cela est peut-être en lien avec l’instinct de conservation, ou dû à un désir provoqué par la peur de la mort ; ou alors, c’est peut-être un signe, une intuition plus ou moins claire d’une vérité essentielle, d’une glorieuse réalité;
Au questionnement sur l’immortalité, il est possible de répondre de deux manières différentes, deux voies à suivre afin de nous libérer du déni matérialiste et du doute sur l’immortalité. 1 2

La preuve scientifique de notre survie

La somme de preuves provenant d’études métaphysiques partout dans le monde semble si impressionnante que, si quelqu’un prenait la peine de lire, sans aucun préjugé, tous les livres sur le sujet, il en déduirait la survie et le fonctionnement du mental humain après la mort du corps physique. Des hommes intelligents, tels certains physiciens et philosophes habitués des méthodes scientifiques, sont arrivés à cette conclusion après des années d’expérimentations. Cette conclusion devrait donc avoir autant de poids que celles des hommes de sciences oeuvrant dans d’autres domaines de la recherche scientifique. L’évidence de la survie humaine est importante parce qu’elle détruit les limites du matérialisme et donne accès à des plans de conscience, ou royaumes invisibles, où des entités, humaines ou autres, vivent et agissent.

Quoi qu’il en soit, l’évidence d’une survie n’est pas suffisante pour résoudre le mystère intérieur de notre psyché. Nous devons aller plus loin en approfondissant notre recherche et suivre la seconde voie.

La réalisation directe de l’immortalité

Afin d’atteindre cette réalisation, nous devons nous poser la question suivante : « Quoi ou qui est immortel ? ». La réponse à cette question implique l’analyse ou la connaissance des différents aspects et niveaux de notre psyché qui ont été décrits de bien des manières au cours de l’Histoire. Mon opinion est que la classification qui suit est celle qui est le plus en accord à la fois avec les enseignements ésotériques et avec les découvertes de la psychologie moderne.
On peut distinguer dans notre psyché : le niveau instinctif, le niveau émotionnel, le niveau mental, le niveau spirituel.
Le niveau instinctif est presque entièrement inconscient ou subconscient. Les niveaux émotionnel et mental sont en partie conscients et en partie subconscients. Le niveau spirituel est généralement presque entièrement supraconscient. La réalisation de l’immortalité ne peut être atteinte qu’au moyen, ou à l’intérieur, du niveau spirituel. Ainsi, nous ne pouvons résoudre le problème qu’en élevant notre conscience jusqu’à ce niveau ou en ouvrant notre esprit aux révélations qui en résultent.
Cela est possible et a été réalisé par une minorité non négligeable de personnes, à chaque époque et partout dans le monde. Les fondateurs des religions, les initiés et les maîtres spirituels, les mystiques et les prophètes, les philosophes et les poètes composent cet impressionnant « nuage de témoins ». Les Upanishads et la Bhagavad Gita, l’Ancien et le Nouveau Testament, Platon, Plotin, les mystiques de toutes les religions et, dans nos temps modernes, les témoignages d’hommes intuitifs tels Walt Whitman et Piotr Ouspensky, l’attestent, et leurs dires se complètent les uns les autres.

Laissant de côté les différences dues aux tempéraments et mentalités, nous constatons que les principaux éléments communs à tous ces témoignages sont les suivants :
– la perception intérieure d’une lumière, parfois si intense qu’elle est décrite comme une gloire éblouissante semblable à un feu. Le terme d’« illumination » découle de cette perception et il est souvent utilisé pour décrire les états supraconscients. Cette illumination irradie souvent dans le monde extérieur qu’elle transfigure et imprègne d’une lumière ineffable.
– un ressenti d’être libéré du subconscient et de l’égocentrisme habituel, ainsi qu’un sentiment d’expansion et d’élévation de la conscience.
– un ressenti de l’unité du tout. Cette réalisation, tout en étant paradoxalement associée au ressenti de perte ou d’oubli de sa propre personnalité, donne à la personne le sentiment d’une vie plus pleine, plus ample, plus réelle.
– un ressenti de beauté, une beauté intérieure et sans forme, ou la révélation d’une beauté du monde extérieur, jusque là non perçue, même dans ses aspects les plus ordinaires.
– des sentiments de joie, de paix et d’amour, dans des proportions qui varient.
– la perte du sens du temps : on s’élève au-dessus du flux du « devenir », au-dessus du passé, du présent et du futur. Réalisation de l’éternel présent, de la permanence, de l’indestructibilité du Soi transpersonnel, le centre de notre être.
– une certitude inébranlable et une confiance intérieure quant à la réalité de cette expérience.`- un élan à exprimer et à communiquer aux autres cette expérience d’illumination, à partager ce précieux trésor, et un sentiment d’amour et de compassion envers ceux qui trébuchent dans l’obscurité.
Une question surgit maintenant : « Comment atteindre une telle réalisation ? » Elle survient parfois de manière spontanée et soudaine ; nous sommes alors étonnés et émerveillés. C’est parfois le fruit et la récompense d’une discipline intérieure, d’une pratique spirituelle, yogique ou autre, ou encore d’une union avec la Réalité spirituelle.
Les méthodes et les procédés pour la pratique de cette voie vers la réalisation sont principalement : la prière (utilise l’émotion et la dévotion) ; la méditation (utilise le mental) ; la contemplation (utilise l’intuition) ; l’affirmation (utilise la volonté) ; l’invocation (cherche à utiliser tous ces procédés par une action intérieure synthétique de la psyché tout entière).
Parmi les nombreux textes destinés à faciliter la réalisation spirituelle, en voici deux magnifiques et puissants, tirés de la Bhagavad Gita : « Plus rayonnant que le Soleil / Plus pur que la neige /Plus subtil que l’éther / / Est le Soi, l’Esprit en moi / Je suis ce Soi / Ce Soi je suis ». Et : « L’Esprit ne meurt jamais, L’Esprit ne cesse jamais d’exister. Jamais il ne fut non existant. La fin et le commencement ne sont que des rêves. Non né, immortel et immuable, il demeure toujours l’Esprit. La mort ne le touche pas, même si sa demeure semble sans vie ».
Il est ainsi possible de faire l’expérience intérieure de l’immortalité, et les méthodes et procédés pour y arriver sont connus et à la portée de tous ceux qui veulent bien les utiliser.

1 Roberto Assagioli (1888-1974), psychiatre italien, fondateur de la psychosynthèse (Le Son Bleu no 31).
2 Traduction libre de l’article paru dans Psicosintesi, n. 15, Aprile 2011.
http://www.psicosintesi.it/sites/default/files/magazine_015_aboutimmortality.