Groupe de recherche Liberté – Égalité – Fraternité
(Léon Weber, Annie-France Gaidier, Jean Ambert, Marie-Thérèse Peigne)
LIBERTÉ, LIBÉRATION, LIBRE ARBITRE selon l’Agni Yoga
L’enseignement de maître Morya — l’Agni Yoga — permet à la conscience d’embrasser la plus grande circonférence possible afin de prendre pleinement part à la vie. Il se veut une assistance pour l’édification de la nouvelle civilisation mondiale. Les éclairages de cet enseignement sur les trois grandes valeurs qui sont l’objet du Groupe de recherche Liberté-Égalité-Fraternité, nous amènent à présenter la façon dont l’Agni Yoga aborde la liberté, la libération et le libre arbitre. Notre espoir est aussi de donner au lecteur le goût d’entrer dans l’enseignement de l’Agni Yoga. D’où le choix des citations pour permettre un contact direct avec l’enseignement de maître Morya.
Nous avons choisi quatre perspectives pour éclairer le thème. La première est la façon dont l’Agni Yoga voit la nature de la liberté et ses rapports avec la conscience. La deuxième est la loi du libre arbitre : l’Agni Yoga, enseignement de Rayon 1, lui donne une place importante. Puis nous examinerons dans la troisième perspective quels sont les conditions et obstacles à l’expression de la liberté. La quatrième perspective est l’affirmation que le couple fraternité et liberté est indissociable.
La nature de la liberté
Ce qu’est la liberté
La vraie liberté est harmonie avec les forces supérieures. Le chemin vers celle-ci est un processus de libération des trois mondes de l’incarnation pour rejoindre le monde supérieur. La liberté est atteinte lorsque les lois de la vie sont réellement comprises. Aussi, aller vers la liberté demande l’ascension active vers la Hiérarchie. Enfin, pour comprendre ce qu’est la liberté, nous sommes invités à pénétrer dans l’essence de la rencontre entre l’Esprit et la Matière. La résidence de la liberté se trouve dans le cœur. La liberté la plus sublime se réalise dans le Monde Sur-terrestre (ce qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre), où les lois sont comprises comme des réalités belles et immuables. (Fraternité, § 3) Ne croyez pas que la Hiérarchie puisse approuver l’esclavage. Bien au contraire, le Monde de Feu ne cherche pas d’esclaves, il exige des collaborateurs. (Monde de Feu II, § 97) Une ancienne légende rapporte comment un roi, désirant se libérer de toute influence extérieure, demanda conseil à un sage. Le sage lui dit : « Dans ton coeur, tu trouveras la libération ». Mais le roi s’indigna : « Le cœur ne suffit pas, une sentinelle offre plus de garantie ». Le sage lui fit ses adieux en disant : « Alors il est préférable, ô roi, que tu ne dormes pas ». (Cœur, § 85)
Le chemin vers la liberté passe par l’évolution de la conscience.
Liberté et conscience sont liées. La liberté ne peut s’affirmer qu’en élevant la conscience. Seule une conscience libre, sans orgueil ni dénigrement de soi, peut coopérer à l’évolution.L’aveugle rêve de récompense. Mais s’il recouvrait la vue, il serait étonné de s’apercevoir que tout est auto-récompense. En s’élevant en conscience, l’homme vit en pleine joie, et la pensée d’une récompense serait, pour lui, une servitude. En fait, il y a beaucoup d’esclaves. Précisément, ce sont ceux qui s’imaginent dissimuler leur servitude spirituelle sous une glaciale impénétrabilité, et un apparent renoncement à ce qu’ils ne possèdent pas. Qui est récompensé est déjà un esclave. Seule une conscience libre, sans orgueil ni dénigrement de soi, peut coopérer à l’évolution. (Agni-Yoga, § 40) Dans le processus de l’évolution, seule la montée de conscience, qui naît dans la liberté des choix, peut entrer en considération. (Agni-Yoga, § 45) La liberté est le résultat final de l’union entre l’Esprit et la Matière, grâce à la voie du perfectionnement conscient.L’Esprit et la Matière s’unissent dans l’espace. En s’unissant, ils commencent leur existence dans leur sphère de germination. En cette unité, se créent des formes de vie, qui parcourent leurs cercles de perfectionnement. S’unifiant à la matière, l’esprit se libère par la seule voix de la perfection ; dès lors que l’acte de libération est pleinement conscient, le détachement s’accomplit. Dans le Laboratoire Cosmique, ces deux principes d’unification et de libération sont les fondements de la créativité. Seule l’impétuosité de l’esprit conduit à la libération, qui s’inscrit dans la conscience et dans le cœur. Recherchons la manifestation de l’esprit et de la matière dans chaque affirmation de la vie. Sur le chemin vers le Monde de Feu, libérons-nous de la matière. (Monde de Feu III, § 303)
La beauté, signe de la liberté
La beauté manifeste la vérité de la liberté. Elle est un chemin de libération. Dans la beauté, l’infini est manifesté. Dans la beauté, les enseignements des chercheurs sont illuminés. Dans la beauté, nous ne craignons pas de manifester la vérité de la liberté. Dans la beauté, nous suscitons le rayonnement dans chaque goutte d’eau. Dans la beauté, nous transformons la matière en arc-en-ciel. Il n’est pas de laideur qui ne sera absorbée dans les rayons de l’arc-en-ciel. Il n’est pas de fers qui ne se désintègreront dans la liberté de la beauté. (Feuilles du Jardin de Morya, § 322)
La loi du libre arbitre
Le libre arbitre est une loi immuable régie par la loi de justice et d’équilibre que personne ne peut enfreindre. Le libre arbitre est intrinsèquement lié à l’homme et à l’humanité en devenir et constitue la dignité de l’homme. Le libre arbitre s’exerce dans les moindres actions, et le guide ne peut que s’incliner devant cette loi immuable. (Fraternité, § 569) On ne devrait pas désapprouver une volonté libre qui s’insurge. On peut le regretter, et, encore une fois, parler tout bas. Mais la loi du libre arbitre constitue la dignité de l’homme. (Agni Yoga, § 366)
La nature du libre arbitre
Le libre arbitre est un outil au service de l’exercice de la liberté. Il est inséparable de toute absence de contraintes et d’imposition sur la volonté d’autrui sous quelque forme que ce soit. Il ne faudrait violer en aucune façon le libre arbitre des hommes. L’Enseignement de Lumière transforme la vie lorsque l’esprit reconnaît volontairement la nécessité de s’élever. Aussi ne surchargez pas les autres de conseils. Les hommes s’amélioreront et se réaliseront par eux-mêmes. On voit dans l’histoire de l’humanité comment l’esprit humain trouve sa voie vers la Lumière. Grâce à sa lumière, tout esprit trouve son chemin à sa manière. Beaucoup répugnent à accepter tout ce qui est présenté, ils cherchent par eux-mêmes quelque secrète approche de la Vérité. Il faut prendre le plus grand soin de tels aspirants indépendants ; tout le monde n’apprécie pas le principe du chœur. L’observation suggérera les mesures les plus appropriées. Il faut calmement accepter les particularités humaines. Même les grains de sable diffèrent les uns des autres. Qui devrait respecter l’individualité, si ce ne sont les serviteurs de la Lumière ? Ainsi, il ne faudrait rien imposer par la force. Il est dit : « Même si aujourd’hui un homme ne cherche pas la Lumière, il se peut que demain il gémisse après elle ». (Monde de feu I, § 622) Le libre arbitre est un don au pouvoir puissant remis entre les mains des hommes, c’est un outil qui ouvre au mouvement, au voyage et à l’évolution de la conscience. Il est aussi lié à la responsabilité individuelle avec l’obligation de « rendre des comptes ».
Le libre arbitre est un don solennel remis au voyageur. Avant d’atteindre les lointains sentiers, il est essentiel de lui remettre ce don précieux. Mais le sage mesurera sa responsabilité à utiliser ce trésor du libre arbitre. C’est comme si une bourse pleine d’or lui était confiée : il peut la dépenser à sa guise, mais il devra en rendre compte. Et la Fraternité apprend à ne pas y puiser sans en faire bon usage. (Fraternité, § 570)
Du bon usage du libre arbitre
Le libre arbitre dépend du bon ou du mauvais vouloir de l’homme encore soumis à la volonté chaotique qui prédomine aujourd’hui. Au final, le libre arbitre se conforme-t-il aux pensées et aux actions des forces « Sur-terrestres » ou est-il sans harmonie avec les forces supérieures et devient dans ce cas source de malheur et de destruction ?
Le libre arbitre fait naître de nombreuses contradictions. Aux uns, il permet une trop grande liberté ; aux autres, l’irresponsabilité ; à d’autres encore, l’orgueil démesuré. (Agni Yoga, § 222)
Le libre arbitre donne naissance à un courant venu du Cosmos ; le courant de bien ou le courant de mal sera choisi par l’esprit grâce à son libre arbitre qui s’exprime dans les actions de tous les jours » (126/ Monde de Feu III, § 126)
L’Équilibre se manifeste seulement lorsque le libre arbitre s’oriente vers le Bien Général. (Monde de feu III, § 230)
[Le libre arbitre] se conforme rarement aux pensées et aux actions des Forces Sur-terrestres [ce qui dépasse le terrestre, tout en étant aussi sur terre]. Le fait est que la volonté peut s’harmoniser aux Forces Supérieures, elle peut aussi être chaotique et aller à rebours de la construction. Il est déplorable que la volonté chaotique prédomine parmi les hommes. Elle ne s’améliore pas avec l’éducation formelle. (Fraternité, § 103)
Les effets et conséquences du libre arbitre
Malgré ses effets parfois chaotiques, le libre arbitre permet l’élévation de la conscience, l’apprentissage de la responsabilité individuelle, l’expérimentation de la vie, l’ouverture de la porte du bien et la possibilité d’arrêter le développement du mal.
Le libre arbitre peut avoir pour effet de renforcer le champ des contradictions et des tensions chez l’individu dès lors que celui-ci est livré à lui-même et qu’il « dévie de la nature ». Il peut provoquer l’ouverture de la porte du mal, générer des « blessures spatiales » et aller jusqu’à la destruction des signes du monde subtil.
Le pouvoir du libre arbitre est grand, il équivaut à la plus puissante des énergies et, dans leur malveillance, les gens peuvent détruire des signes du Monde Subtil. Combien d’efforts sont nécessaires aux médecins expérimentés pour remédier à ces blessures spatiales ! (Urusvati, § 7)
Conclusion
Bien que le libre arbitre soit considéré comme une « merveilleuse énergie », là où s’exerce le libre arbitre de l’homme, une grande perte d’énergie peut en découler. Toutefois, malgré les risques majeurs encourus pour l’humanité, la loi du libre arbitre « empêche » la Hiérarchie d’intervenir par un processus d’imposition (même pour le Bien). Il faut calmement accepter les particularités humaines. Même les grains de sable diffèrent les uns des autres. Qui devrait respecter l’individualité, si ce ne sont les serviteurs de la Lumière ? (Monde de feu I, § 622)
Conditions et obstacles à l’expression de la liberté
Certaines qualités essentielles peuvent par leur présence ou leur absence nous servir de guide et de grille de lecture afin de discerner ce qui dans nos comportements se rapproche de la véritable liberté (Cf. beauté et évolution de la conscience).
La beauté œuvre de création
La beauté est inhérente à la création. Pour ne pas faire obstacle à la liberté il faut développer la beauté et l’oeuvre de création. Il n’y a pas de création sans choix, la beauté se trouve en amont et en aval de chaque réalisation. Sans beauté il n’y a pas d’accès à la liberté. Autrement dit l’obstacle est ici la laideur. Dans la beauté, l’infini est manifesté. Dans la beauté, les enseignements des chercheurs sont illuminés. Dans la beauté, nous ne craignons pas de manifester la vérité de la liberté. Dans la beauté, nous suscitons le rayonnement dans chaque goutte d’eau. Dans la beauté, nous transformons la matière en arc-en-ciel. Il n’est pas de laideur qui ne sera absorbée dans les rayons de l’arc-en-ciel. Il n’est pas de fers qui ne se désintègreront dans la liberté de la beauté. (Feuilles du Jardin de Morya, § 322)
Évolution ou fixation et appropriation des biens
Le « juste courant » de l’évolution permet de franchir les obstacles avec une « facilité miraculeuse ». Parmi ces obstacles on trouve « le souffle vénéneux de la possession », l’ignorance, la pensée qui abrite la résistance, la coercition, la peur ou la recherche de profits, les fausses évidences et les préjugés. Un autre obstacle majeur est la non utilisation ou mauvaise utilisation du libre arbitre évoquée précédemment et le mauvais discernement qui en découle.
Un Yogi est libéré, non de la possibilité d’avoir des désirs, mais de leur joug. Il se sent libre car il n’est pas esclave de ses désirs. Sur le chemin de la conformité au but, un Yogi, par discernement, abandonne les désirs au nom du plus essentiel.
Cette aisance de changement crée la libération du yogi. Ce sont, précisément, les désirs inertes et mort–nés qui deviennent des chaînes d’esclavage pour l’humanité. C’est l’homme lui-même qui s’empêtre dans des liens inextricables. (Agni Yoga, § 259).
Toi qui condamnes, tourne-toi vers toi-même ! Propriétaire injuste, n’oublie pas que l’engouement d’autrui pour des possessions n’est qu’une réflexion du tien ! Occupez-vous tout d’abord de l’ampleur de votre propre conscience. Si la bête de la possession n’a pas été engloutie pour toujours dans votre conscience, vous n’êtes pas libre, vous êtes retenu par le mirage de Maya. (Communauté, § 246) Est-il possible de discerner le courant réel de l’évolution, si une aveuglante évidence fait écran à la réalité et si le préjugé règne en tant qu’opinion établie ? Quand les hommes se rendront-ils compte du mirage du préjugé ! (Communauté, § 225)
Liberté et fraternité, un couple indissociable
Le fondement de la fraternité se trouve dans la liberté qui permet à chacun d’être à sa juste place. La liberté ne peut s’exprimer qu’au travers du lien fraternel : toute mise à l’écart du concept de liberté empêche même tout travail collaboratif véritable. La liberté est donc la condition même de l’existence d’une véritable fraternité.
Seul le véritable discernement de l’indestructibilité de la liberté permet d’adhérer au labeur collectif. Ce n’est que par un véritable respect mutuel que l’on parvient à réaliser le labeur harmonieux, en d’autres termes, que l’on parvient au bien actif. (Monde de feu I, § 288)
Il est impossible à une conscience empoisonnée de distinguer les moments de liberté de ceux d’esclavage. Celui qui se perd en conjectures pour savoir où se trouve l’esclavage, et où la liberté, est incapable de penser à la communauté. Celui qui opprime la conscience de son frère ne peut pas penser à la communauté. Celui qui déforme l’Enseignement ne peut pas penser à la communauté. Le fondement de la communauté se trouve dans la liberté de penser, et dans la vénération de l’Instructeur. (Communauté, § 98) Il n’est d’autre alternative que la libre coopération ou l’esclavage sous tous ses aspects. L’évolution des hommes s’oriente vers la coopération et la fraternité qui est la forme la plus haute de coopération.
Refuser de coopérer, c’est inévitablement tomber en esclavage. La servitude prend différents aspects, qu’il faut reconnaître ; sans quoi, l’esclave marqué au fer se croira libre et s’habituera tant à ses chaînes qu’il les considérera comme autant de colliers honorifiques. Comprenez que, dans la société humaine, il n’est d’autre alternative que la libre coopération ou l’esclavage sous tous ses aspects. La Fraternité est la forme la plus haute de coopération. (Fraternité, § 572)
« Ni l’amitié ni la coopération ne sauraient être des termes ultimes. Entre elles et le Monde Subtil, doit encore se trouver autre chose qui puisse appartenir à part égale aux deux mondes ». Cela s’appelle la Fraternité. On ne saurait nommer de plus grand concept pouvant couronner ainsi les relations humaines et correspondre à la nature essentielle des Mondes Subtil et Ardent. C’est pourquoi l’on dit de la Fraternité qu’elle est triple. Tel un pont solide, elle s’étend entre les trois mondes. Il est presque impossible d’imaginer le contact entre le Monde terrestre et le Monde de Feu, mais la perspective de la Fraternité permet une telle confluence. (Fraternité, § 8)